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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/175

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droit se croire sûr de revoir bientôt son ami, combien de familles ne semblaient-elles pas menacées de la plus amère déception ?

Enfin, comme il est, dans notre nature que plus le sort nous favorise, et plus nous exigeons de lui, c’était déjà trop peu pour quelques-uns du retour de l’expédition, si elle avait manqué son but, et comment en douter, d’après le peu de temps qu’elle avait duré, et le seul navire qui en rapportait des nouvelles.

Évidemment sept mois et douze jours n’avaient pu suffire à gagner le pays de l’or et des épices et à revenir après l’avoir conquis, converti et mis à contribution.

Ainsi tel habitant de Palos, qui, la veille encore, se désespérait en comptant les heures, aujourd’hui à demi-rassuré sur la vie des siens, reportait son inquiétude sur les résultats matériels de cette expédition qui avait dû enrichir tout le pays ; il reprochait presque à Colomb un retour dont la promptitude faisait présager une déception.

Ce dernier point ne devait pas tarder à être éclairci.

Du plus loin que la Niña avait été aperçue, bien que chargée à couler bas, un certain air de crânerie dans ses allures avait donné le pressentiment d’un triomphe. Au reste, elle n’avait pas tardé à parler plus haut et plus clairement par la bouche de ses canons, par ses signaux, par les hourras de son équipage répétés sur les deux rives de l’Odiel, et auxquels déjà répondait dans toute la ville une acclamation à peine dominée par les joyeuses volées du tocsin.

Où trouve-t-on, en pareil cas, les fleurs, les vases, les draps blancs semés de bouquets, les tapis, les images saintes, qui, en un