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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/181

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fut donné de retrouver ni à la cour, ni sur les mers, ni dans ses relations avec aucun savant laïque, nulle part, en un mot, sinon dans ce couvent, où la plus grande des œuvres maritimes avait mûri.

Après deux jours à peine donnés à de si doux épanchements et aux récits qu’il devait à ses hôtes, Christophe Colomb commença de vaquer aux nombreuses occupations que lui imposait le succès de son entreprise.

Déjà, de Lisbonne, il avait fait secrètement passer aux deux rois un bref aperçu de ses découvertes ; il en rédigea une exposition moins succincte, et l’expédia à la cour, qui se trouvait alors à Barcelone.

En même temps, il s’empressait d’informer de son retour sa femme et ses deux fils, qui n’avaient pas quitté Cordoue, et il adressait à son père, à ce père chéri, qui, par bonheur vivait encore, un messager de confiance, porteur d’une lettre, où, en donnant au vieillard la bonne nouvelle, il le suppliait de lui confier désormais son frère Jacques, dont il croyait pouvoir assurer l’avenir.

Ce Jacques — en espagnol Diego — dut faire alors bien des jaloux, dans cette ville de Gênes, qui avait méconnu son frère. Il était âgé de vingt-six ans, et exerçait l’humble profession paternelle, sans porter ses vues au delà ; qui aurait pu s’attendre à le voir jamais appelé à la cour d’Espagne, et devenir en un jour, de Jacques le Cardeur, comme on l’appelait, le seigneur don Diego Colon, aide de camp du Grand Amiral de la mer Océane ?

On verra bientôt que, par une grâce spéciale à cette famille bénie des Colomb, il ne fut au-dessous, ni de cette position de confiance, ni de celle d’administrateur et gouverneur de l’Inde