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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/213

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L’Amiral vice-roi des Indes répondit à cet anathème sans valeur — il n’eût jamais été ratifié, — en réduisant d’un quart la ration déjà fort réduite des protégés du père Boïl.

Là-dessus, nouvelle excommunication, mais majeure, celle-là.

Et réciproquement, nouvelle réduction de ration, mais totale, pour le coup ; une réduction à rien.

Ce que voyant, le père Boïl, mis au pain sec comme un écolier, leva la double excommunication, et Colomb rétablit la ration dans sa demi-intégrité première.

Malheureusement, cette scandaleuse comédie, tout beau qu’y eût été le rôle de Christophe Colomb, exaspéra un parti hostile à ses vues et à sa personne, si bien qu’ayant, vers ce temps-là, renvoyé en Espagne douze des navires de la flotte, il sut que les dénonciations les plus calomnieuses y accompagnaient ses dépêches aux deux rois,

Presque au même moment, aidé de son frère Diego, qui gagna là ses éperons, il dut sévir contre une émeute soulevée par les hidalgos et soutenue par l’indigne représentant de l’autorité spirituelle.

Cette lâche intrigue étouffée, Colomb ne se vengea du père Boïl qu’en le comprenant dans un conseil chargé, pendant l’absence du vice-roi, de gouverner la colonie sous la présidence de Diego.

Mais le père Boïl n’était pas de ceux que désarme la générosité d’un adversaire, Lorsque l’Amiral partit d’Isabelle dans le double but d’ajouter à ses premières découvertes et de soumettre les Caraïbes, il laissait derrière lui des ennemis bien plus à craindre que tous ceux qu’il allait affronter.