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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/214

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Déjà, dans une première exploration armée, il avait posé les jalons militaires et scientifiques de cette seconde expédition qu’il devait rendre définitive. La constitution politique et géologique de l’île ne lui était pas inconnue. Il en savait à peu près les fleuves reconnus aurifères ct les gisements tenus pour tels ; il la savait féodalement divisée entre cinq principaux seigneurs, dont relevaient un assez grand nombre de feudataires.

De ces cinq petits rois, le plus noble était Guarionex ; le plus belliqueux, Caonabo, qui, sorti d’un rang obscur, même parmi ses compatriotes les Caraïbes, avait dû l’empire à sa bravoure et surtout à l’amour d’Anacoana.

Au premier appartenait l’immense et fertile plaine qui s’appelle encore aujourd’hui du nom que lui donna Colomb, la Vega Real. C’était sur ses États qu’on avait élevé d’autorité la nouvelle cité d’Isabelle.

Caonabo régnait sur la partie la plus méridionale et la plus montueuse de l’ile.

Entre la résidence la plus habituelle de ce chef et la ville espagnole, Colomb avait fait élever un fortin dont il avait laissé le commandement à un Pedro Marguarit, qui lui devait tout et qui déjà conspirait contre lui. Le sachant, comme on l’a vu, menacé d’une attaque qu’il jugeait ne pouvoir être bien sérieuse, et pensant qu’un renfort suffisait à cet officier, dont il connaissait mieux la valeur que le caractère, il lui envoya soixante-dix hommes de choix. Après quoi, remettant à une occasion plus mûre de prendre lui-même la direction d’une guerre offensive, il mit à la voile avec trois caravelles montées par des marins dévoués,