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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/215

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et de Palos pour la plupart. Juan Perez l’accompagnait, ainsi que le fameux cosmographe Juan de la Cosa, et entre autres hommes distingués et fidèles, le médecin Chanca, auteur d’un journal que nous avons déjà cité.

Les faits les plus remarquables de ce voyage, dont le détail nous entraînerait à trop de répétitions, furent la découverte de l’île de Jamaïque et l’exploration de presque toute la côte méridionale de Cuba, où Colomb se confirma, d’accord avec tous ses plus savants compagnons, dans la fausse opinion que cette île était l’extrémité occidentale de l’Asie.

À la Jamaïque, il rencontra, sinon précisément les Caraïbes, du moins une race intelligente, belle, industrieuse, énergique, qu’il eut à combattre et à vaincre plus d’une fois avant de faire amitié avec elle.

Celui qui contribua le plus à amener cette paix éphémère, hélas ! fut un vieillard paraissant au moins octogénaire, qui tint à l’Amiral un discours d’une élévation, d’une onction, d’une charité si surprenantes chez un sauvage, que Colomb en fut pénétré jusqu’au fond de l’âme. Il laissa voir cette impression, et le vieillard, saisi à son tour d’une vive sympathie pour ce chef si puissant et si doux, ne pouvait plus se résoudre à le quitter : il voulait le suivre « au pays de l’aurore, au ciel ». Les prières de sa femme et les larmes de ses enfants le retinrent.

Cette rencontre au bord de la mer, au milieu des splendeurs virginales d’un monde nouveau, au pied d’un autel de gazon où le père Marchena venait de prier Dieu ; cette pieuse idylle éclose au point de partage d’une vie désormais vouée au seul malheur,