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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/224

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Le silence des deux rois, après qu’il leur eut notifié son retour, lui devait être plus sensible, car devant eux il avait à plaider la cause, non plus de sa gloire, mais de son œuvre compromise et de son honneur attaqué. Ce silence pesa sur lui pendant tout un mois, qu’il passa vraisemblablement au monastère de la Rabida, près de son ami Juan Perez, revenu avec lui, et dont tout ce qu’on sait depuis cette époque, c’est qu’il mourut peu de temps avant Christophe Colomb.

Lorsqu’enfin arriva la lettre royale qui mandait ce dernier à Burgos, où était la cour, en mémoire de ses premières luttes et en vue de celles qu’il se préparait à soutenir, l’Amiral vice-roi des Indes occidentales avait repris son ancien habit de capucin. On sait combien lui était chère cette armure faite de patience et d’humilité. Même en se rendant à petites journées à Burgos, il n’en voulut pas revêtir une autre. Il surprenait ainsi, par sa simplicité du moins, ces populations à l’esprit mobile que n’étonnait plus la pompe d’un cortège, où cependant elles pouvaient voir un Indien portant une chaîne d’or pesant environ seize mille francs de notre monnaie, somme considérable pour le temps.

L’Amiral, en effet, avait eu cette chance inouïe, la dernière, de découvrir une opulente mine d’or à Saint-Domingue, et cela au moment même où il partait pour aller se défendre contre une accusation, la plus sérieuse — disons le mot, la seule sérieuse — qu’on ait jamais formulée contre lui, l’accusation d’avoir un peu exagéré la richesse minérale des immenses et fertiles contrées révélées et données par lui à l’Espagne.

Mais cette découverte et les preuves matérielles, palpables, qui