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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/231

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pour l’y dérober, la reine offrit de lui constituer, dans l’île de Saint-Domingue, une vaste principauté héréditaire ; mais Colomb déclina cette offre vraiment royale, la croyant suggérée par des rivaux jaloux d’endormir ou de circonscrire au moins son activité, et réveillé par ce coup d’éperon, on le vit pourvoir lui-même à l’achat des moindres fournitures et denrées destinées à l’expédition.

Il prouva ainsi que chez lui cette même volonté, habituée à subjuguer les volontés les plus rétives, était également à l’épreuve des petits et des grands obstacles.

Un instant, après toute une année d’efforts soutenus avec trop peu de suite par Isabelle, il croyait toucher à son but, lorsque la mort presque subite de l’infant Don Juan, fils chéri de cette princesse, était venue lui fermer tout recours à l’intervention d’une mère si cruellement éprouvée.

Ce fut seulement huit mois après ce douloureux événement que, dans les conditions les plus tristes — on peut s’en faire une idée par ce qui précède, — il leva l’ancre du port de San Lucar de Barrameda.


Jusqu’à la dernière minute, Colomb avait pu craindre de voir son expédition contremandée, ou du moins retardée. Insulté, maudit par la populace, il fut menacé sur son propre bord par un vil agent des bureaux de la marine, qu’il dut châtier et lancer à la mer.

Ce misérable, du reste, fut largement indemnisé par les gros