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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/24

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doute chez lui, comme chez la plupart de ses compatriotes, à un sens pratique très développé, mais il est naturel de croire qu’elle le domina sensiblement dans son adolescence. Nous en voyons la preuve dans ses études scolaires trop tôt abandonnées pour la carrière aventureuse du marin.

Cette noble profession est une de celles dont la vocation se déclare le plus spontanément et le plus impérieusement. On la voit se manifester au milieu des circonstances et dans les temps le mieux faits pour la réprimer. À plus forte raison devait-elle éclater, pour ainsi dire, chez un adolescent né et élevé dans un port de mer aussi pittoresque, aussi important que l’était Gênes, au milieu du quinzième siècle.

De nos jours encore, de toutes les villes maritimes si nombreuses en Italie, Gênes, vue de la mer, est peut-être celle qui laisse aux sens du voyageur l’impression la plus vive, la plus durable. Élevée en amphithéâtre au fond d’un des plus beaux golfes du monde, crénelée de montagnes aux lignes pures, aux teintes suaves, découpée entre un ciel et une mer d’un bleu magique, elle offre aux yeux une de ces rares images que rien ne peut plus effacer. Qui l’a vue une fois la verra toujours émergeant d’une forêt de mâts, et soulevant par étages ses maisons peintes, ses jardins suspendus, avec fontaines jaillissantes, ses dômes légers, ses clochers fantasques, ses palais de marbre aux terrasses ornées de statues et de vases chargés de fleurs.

Une partie de ces merveilles d’un art plus décoratif que sincère, n’existait pas encore du temps de l’enfance de Colomb, les jardins, les palais entre autres. Ceux-ci, du moins, avaient un caractère