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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/244

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Colomb, vu la difficulté des circonstances eut la prudence d’accepter.

Il donna alors aux soins de l’administration tout le temps qu’il ne passa point à étouffer des ferments de révolte, et déploya en toutes matières une intelligence, une activité, un bon vouloir, un mélange de douceur et de fermeté faits pour lui gagner d’autres hommes que cette lie des Espagnes, dont il était presque uniquement entouré.

Au bout de quelques mois il avait décidément rattaché Roldan à la cause de l’ordre et du génie, et avait même pu, avec son aide, réprimer de nouveaux excès des bandits. Des forts, des constructions importantes s’élevaient sous sa direction. Il avait écrit à la reine une lettre accompagnée d’un long mémoire comme elle les aimait et de ces présents qu’elle avait toujours reçus avec tant de bonté. Enfin, à son estime, les droits royaux perçus dans l’île, qui s’élevaient, grâce à lui, à soixante millions par an, devaient atteindre en quelques années — et l’événement le prouva — à une somme dix fois plus considérable.

Le prix de tant de zèle et de sagesse fut qu’un jour, comme il surveillait les travaux d’agrandissement de la forteresse de la Conception, il reçut la lettre suivante :

« Don Christophe Colomb, notre amiral de la mer Océane, nous avons ordonné au commandeur François de Bobadilla, porteur du présent, de vous dire certaines choses dont il est chargé. Nous vous prions d’y ajouter foi et créance et d’agir conséquemment. »

Cette lettre était signée du roi et de la reine, et ce que l’Amiral devait entendre, c’est que le commandeur Bobadilla, qui s’était