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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/60

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avaient échoué nul autre ne pouvait réussir. On ne demandait qu’à les croire, et l’Océan, plus que jamais, fut réputé infranchissable. Personne autre qu’un fou ne pouvait plus affirmer le contraire.

Et cependant, le roi l’admettait ce contraire, et Colomb l’affirmait toujours, mais il ne s’offrait plus à le démontrer, Et voilà comment le Portugal, par la trahison d’un de ses monarques les plus sages, les plus éclairés, les moins gentilshommes, perdit l’occasion de gagner un monde.

En vain ce prince reconnaissait sa faute, dont il rejetait justement la plus grande part sur ses conseillers ; en vain s’efforça-t-il de la réparer ; en vain accorda-t-il à Christophe Colomb tout ce qu’il lui avait si longtemps marchandé ; Colomb resta inébranlable. Il retourna comme toujours à ses travaux, à ses chères études, puis, tout à coup, vers la fin de 1484, craignant sur de graves indices, de se voir imposer la mission à laquelle il s’était généreusement offert en de meilleurs temps, il partit secrètement de Lisbonne, emmenant avec lui son jeune fils Diego.

Colomb, à cette époque, avait eu la douleur de perdre la compagne qui l’avait si vaillamment aidé à soutenir le poids du jour. IL sentait le besoin de se retremper dans l’air natal, dans les affections de famille ; aussi se rendit-il d’abord à Gênes.

Là, s’il ne trouva pas pour ses projets plus d’encouragement qu’à son début, Si même il les vit plus officiellement dédaignés et pour des raisons tout aussi mesquines, du moins put-il embrasser encore une fois son vieux père en le réinstallant dans sa petite maison de la rue de l’Arc.