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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/140

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luy auroit eſté moins cruel de voir que Federic euſt continué d’aimer Camille, que de voir qu’il commençoit d’aimer la Princeſſe de Mantoüe, il pouvoit bien avoir ſoupiré pour ſa fille, ſans l’offencer, puiſqu’il ne ſçavoit pas qu’elle eſtoit belle, mais il ne pouvoit l’avoir connuë, même avoir reconnu la tendreſſe qu’elle avoit pour luy, & la ſacrifier à une autre, ſans un mêpris horrible. C’eſt particulierement la preference qui outrage. Camille de ſon coſté n’avoit point d’autre party à prendre que celuy de ſe plaindre avec ſon frere, & luy que de ſe plaindre avec ſa ſœur ; ils augmentoient leurs douleurs en les meſlant enſemble. L’Amirale qui s’informoit avec ſoin de tout ce qui regardoit Federic, eſtoit inſtruite des moindres circonſtances de ſon mal-heur : elle devint amie de la Princeſſe de Majorque depuis qu’elles n’eurent rien à craindre l’une de l’autre, & depuis qu’elles redouterent également une rivale. Elles chercherent même enſemble les biais de luy nuire. L’Amirale ne pouvoit ſe reſoudre à perdre le fruit de ſon voyage, elle vouloit parler au moins à