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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/33

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dre tout à fait, mais vous ſçaurez le reſte quand je ſeray en eſtat de vous l’apprendre. Alors il le quitta pour s’enfonſer dans une allée ſombre, ou ſe laiſſant aller à ſa noire melancolie, il demeura dans une certaine ſituation où l’ame en proye à ſa langueur ne ſe fait comme point ſentir, où l’on ſort pour ainſi dire de ſoy-méme, pour ſe donner tout à l’objet aimé, la foule des penſées empeſche qu’on n’en puiſſe diſtinguer aucune, & pour avoir trop à reſoudre on ne reſout rien. Cependant le Prince de Majorque ayant crû que les deux Princes étoient Amans de ſa ſœur, l’en vint avertir, ſans ſonger que de tels avertiſſemens avancent toûjours le mal au lieu de le prevenir. Ma ſœur, luy dit-il galamment, vous devez vous tenir ſur vos gardes, les Princes de Sicile & de Naples, ont reſſenty le pouvoir de vos jeux, ſi je ne me trompe, leur amour vous fera de la peine. Mon frere, luy dit Camille, avec une petite rougeur, ſi mes jeux pouvoient nous vanger de tout le ravage que tous les Siciliens ont fait ſur nos terres, pourquoy ne voulez-vous pas que je les employe contre le Prince de Sicile ? ah !