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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/35

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ſçauroit s’en tenir là, on veut joüir du fruit de ſa conqueſte, & à quoy ſerviroit d’étre aimée, ſi l’on n’avoit pas deſſein d’aimer. Camille connoiſſoit trop ces maximes, elle n’ignoroit pas ſa tendreſſe, & ne vouloit étre aimée que pour n’aimer pas en vain. Qu’elle ſe fit une idée tendre & touchante des douceurs d’un amour reciproque ! qu’elle paſſa une douce nuit dans des reflections ſi flateuſes ! & que, malgré le peu de repos que ces penſées agreables luy permirent, elle parut belle le lendemain à l’amoureux Leon ! Ce Prince ne ſçachant que comprendre à ce que luy avoit dit Federic, venoit s’en éclairçir avec ſa Maîtreſſe, & reparer l’occaſion, qu’il avoit manquée le jour precedent. Camille avoit eu des penſées trop tendres, pour conſerver cét air fier qui fait trembler l’Amant le plus hardy, il paroiſſoit tant de douceur dans ſes beaux yeux, que le Prince crut que l’heure de ſe declarer étoit venuë, plus d’une fois il balança à parler par le reſpect inſeparable d’une grande paſſion, & par l’adreſſe de Camille, qui connoiſſant ſon amour, en detournoit la converſation