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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/63

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Oüy, menageant ma gloire autant qu’il eſt poſſible,
I’eſperois me punir d’avoir eſté ſenſible.
Projets d’une ame libre ! & qu’on quitte aiſement,
Auſſi-tôt que l’amour a trouvé ſon moment.
Peut-on fuir qui nous charme ? eſpoir vain & frivole,
Peut-on fuir un objet vers qui le cœur s’envole,
Et tous nos ſens trahis de concert avec nous
Sont-il pas entrainez par un charme ſi doux ?
Fierté refuſe moy ton ſecours inutile,
Sans tes efforts mon ame eſt aſſez peu tranquille.
Tirannique raiſon ne viens pas déchirer
Un cœur que des mépris font aſſez ſoupirer,
Et qui ſoumis aux loix d’une dure contrainte,
Ferme me jeux aux pleurs & ma bouche à la plainte.
Pour quoy t’écartois-tu dans mes preßans beſoins ?
Pourquoy pour un moment ſuſpendois-tu tes ſoins ?
C’eſt cet inſtant fatal où l’amour prit ta place,