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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/75

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bien qu’elle ſongeaſt quelquefois à ſe declarer, ce deſſein ne luy duroit guere, & ſa fierté l’en empeſchoit aſſez. Laiſſez-moy, Prince, luy dit-elle triſtement, & s’il ſe peut ne croyéz point à ce que vous voyez. Il n’y comprit rien aſſurement, & s’en alla raconter à ſa ſœur tout ce qui s’eſtoit paſſé entr’eux. Elle crût le comprendre mieux que luy, & penſa que ce pouvoit bien étre le remors d’avoir trahy la ſœur, dont il voyoit le frere en uſer ſi bien, & qu’un retour le ſuivroit ſans doute. C’eſtoit aſſez pour renverſer tout ce qui avoit êté projetté contre luy, & là deſſus elle luy écrivit un billet, qui pouvoit faire plus que de le raſſurer. La Princeſſe de Sicile le reçeut, aprés avoir reſſenty de terribles combats, s’eſtant accuſée de foibleſſe de n’avoir ſçeu deſabuſer le Prince des froideurs qu’elle n’eſtoit guere capable d’avoir pour luy, car c’eſtoit ce qu’elle apprehendoit le plus qu’il cruſt. Il eſt impoſſible quand on aime de laiſſer penſer qu’on haït. Elle avoit bien jugé aprés ſon premier mouvement, qu’il ne connoiſtroit rien au reſte, & ſe reſolut en tout cas de luy