Aller au contenu

Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teur. Mais quand elle eut l’eſprit libre ſur la jalouſie, elle commença de les obſerver avec plus d’exactitude, & les trouva ſi peu conformes aux ſiens, qu’elle tomba dans une melancholie plus cruelle que toutes les violentes douleurs qu’elle avoit euës. Quoy ! diſoit-elle, je perds Federic ſans que perſonne me l’oſte, je le perds par luy-méme, & c’eſt luy qui ne veut pas m’aimer ſans qu’il aime ailleurs ! Que j’eſtois heureuſe, quand je n’avois des ſujets de plainte que contre mes rivales ! je pouvois accuſer mon étoille de mes malheurs, je pouvois accuſer leurs charmes de le forcer à s’engager, mais rien ne l’engage, il prefere ſon indifference à ce que je luy peux inſpirer de plus doux, il me mépriſe, & je ne peux m’en prendre qu’à luy de toute la dureté qu’il a pour moy. Le mal eſtoit ſans remede, & inſupportable, chacun commençoit à ſe fuir dans la Sicile, & l’abſence d’Amaldée cauſoit une conſternation dans l’ame de Federic, qui ſe répandoit dans celle de tout ce qui s’intereſſoit pour luy. Il eſtoit ſi chagrin que perſonne n’oſoit luy parler. Il ne ſortoit