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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/116

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VOYAGE D’UNE FEMME

sions pour respirer nous desséchaient tellement la bouche et la langue, que nous avions de la peine à articuler et que nos paroles devenaient bizarres.

Du sommet, le regard unissait dans une incomparable combinaison toutes les vues qui avaient réjoui nos yeux pendant que nous montions. C’était bien quelque chose d’être sur la cime, battue par la tempête, de cette montagne sentinelle solitaire de la chaîne rocheuse ; sur l’une des vertèbres les plus puissantes de l’épine dorsale de l’Amérique du Nord, et d’apercevoir les eaux s’élancer vers les deux Océans. Au-dessus de la haine, de l’amour, des orages des passions ; calme au milieu du silence éternel, rafraîchie par les zéphyrs et baignée dans un vif azur, la paix, dans cette radieuse journée, reposait sur le pic, comme sur une région

Où ne tombent jamais la pluie, ni la grêle, ni la neige,
Où jamais les vents ne soufflent bruyamment.

Nous plaçâmes nos noms, avec la date de l’ascension, dans une boîte de fer-blanc qui fut déposée dans une crevasse, et sommes descendus au Ledge, nous asseyant sur le granit lisse, posant les pieds dans les crevasses et contre les saillies, et nous laissant glisser sur les mains. Jim devant moi, de sorte que je pouvais assujettir mes pieds contre ses puissantes épaules. Je n’avais plus le vertige et je pus regarder le précipice de 3,500 pieds sans frissonner. Passant de nouveau par le Ledge et le Lift, nous avons accompli la descente à travers 1,500 pieds de glace et de neige, tombant souvent et nous meurtrissant, mais sans pire aventure, et là nous nous sommes séparés. Les