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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/156

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VOYAGE D′UNE FEMME

digue de castor, et, à la nuit, nous sortions du canyon de la Saint-Vrain, aux couleurs brillantes, pour entrer dans les plaines uniformes où, dans l’obscurité, nous eûmes un peu de peine à trouver Longmount. Un accueil hospitalier m’attendait dans cette auberge, et un ami anglais vint passer la soirée avec moi.


Canyon de la grande Platte, 23 octobre.

Je crains que mes lettres ne soient très-ennuyeuses cette fois-ci, car après être restée à cheval pendant toute la journée, m’être occupée de mon poney, avoir soupé, avoir entendu parler des différentes routes et de tous les cancans du voisinage, j’ai si grande envie de dormir et suis si fatiguée, que je peux à peine écrire. J’ai quitté Longmount d’assez bonne heure mardi matin, par un jour triste, avec le reflet aveuglant d’une tempête de neige qui se préparait. La veille au soir, on m’avait présenté quelqu’un qui avait été colonel dans l’armée rebelle. Ce colonel m’avait fait l’impression la plus défavorable, et ce fut un grand ennui pour moi, lorsque je le vis arriver à cheval, pour me guider dans la partie la plus difficile du voyage. La solitude, infiniment préférable au défaut de sympathie pour un compagnon de route, est un bonheur en comparaison de la répulsion qu’il nous fait éprouver ; aussi fus-je enchantée d’être délivrée de mon escorte et de m’avancer seule dans la prairie jusqu’à Denver. C’est un voyage de trente milles sur des plaines basses et brunes ; c’est triste, il y a très-peu de settlers, et les sentiers vont dans toutes les directions. Mon ordre de route était : « Naviguez au sud, et suivez le sentier le mieux battu. » Autant au-