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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/205

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

dépassé les attelages, je ne rencontrai personne de toute la journée, excepté deux hommes avec un âne de bat. Birdie déteste les ânes ; dès qu’elle en voit elle rue et fait des écarts. La route n’était qu’une nappe de glace inclinée, terriblement solitaire, et, entre la crainte de voir ma jument se casser la jambe sur la glace et celle d’être écrasée sous un arbre abattu par le vent, je fus obligée de veiller constamment. Au coucher du soleil, j’arrivai à une cabin. où « on logeait des voyageurs », mais la femme avait l’air si aigre que je préférai aller plus loin, à quatre milles, par une belle route serpentant le long d’un ravin ensoleillé, rempli de sapins argentés, plus bleus et plus argentés qu’aucun que j’eusse jamais vu ; je traversai l’arête d’un sommet d’où la vue, dans toute l’extase d’une couleur de couchant, était splendide. C’était aussi une vraie joie de sortir du ravin profond où j’avais été enfermée pendant toute la journée. J’ai trouvé ici un convoi de douze chariots de marchandises, attelés chacun de six chevaux ; mais les conducteurs emportent leurs couvertures de campement et dorment soit dans les chariots, soit par terre, de sorte que la maison n’est point encombrée. C’est une charmante log-house à deux étages, non-seulement cimentée, mais recouverte de planches rabotées. Chaque chambre a une grande cheminée où brûlent des bûches ; de jolies gravures ornent les murs, et des corbeilles remplies de plantes grimpantes sont suspendues au plafond. C’est la première maison de settler où je vois l’ornement tenir sa place. Toutes les chambres ont des portes ; les chaises de chêne brillent à