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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/21

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

imagination grossissait un sanglier, mais c’était un ours. Le cheval s’ébroua et se déroba violemment, comme s’il voulait descendre vers la rivière ; puis tourna sur ses pas, en se dérobant toujours, vers un endroit escarpé. Voyant que je ne pouvais rester en selle, je me jetai du côté droit, où le terrain s’élevait beaucoup, de sorte que je ne tombai pas de haut. Je me relevai couverte de poussière, mais ni abattue ni contusionnée. C’était vraiment grotesque et humiliant. L’ours courait d’un côté, le cheval de l’autre, et moi après ce dernier, qui s’arrêta deux fois lorsque j’étais près de lui, puis se retourna et partit au petit galop. Après avoir marché pendant près d’un mille dans une épaisse poussière, je ramassai d’abord la couverture, puis mon sac, et me trouvai bientôt auprès du cheval, qui me regardait en tremblant de tout son corps. Je crus alors pouvoir l’attraper, mais quand je m’avançai vers lui, il se retourna, se cabra plusieurs fois, sortit du chemin, fit plusieurs tours au galop en ruant tout le temps, puis se dressant sur ses pieds de derrière comme pour me défier, il se sauva à toute vitesse dans la direction de Truckee, avec la selle sur le dos et les grands étriers de bois lui battant les flancs, tandis que je cheminais honteusement dans la poussière, portant péniblement le sac et la couverture.

Je marchai pendant près d’une heure, ayant chaud et faim, quand, à ma grande joie, j’aperçus l’attelage des bœufs arrêté au sommet d’une gorge, tandis que l’un des conducteurs m’amenait mon cheval. Ce jeune homme me raconta que, l’ayant vu venir, ils avaient mis l’attelage en travers de la route pour l’arrêter, et