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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/252

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détestant tout le monde, comparant sa propre générosité et sa bonté sans calcul à l’égoïsme et aux bontés soigneusement calculées des autres. On lui rend cette justice « qu’il a le meilleur cœur que l’on connaisse ». Dernièrement, un enfant est tombé malade dans l’autre cabin, et quoiqu’il y eût là des hommes oisifs et des chevaux, il n’y eut que le desperado pour faire à cheval soixante milles, en moins de temps que personne ne les avait jamais faits, et pour ramener le médecin. Pendant que nous causions, il s’était assis sur une pierre en dehors de son antre, et raccommodait une selle ; autour de lui, des peaux, des ossements et des crânes étaient épars. Ring le veillait avec une affection jalouse et idolâtre ; le vent soulevait ses boucles autour de sa tête, et jamais on n’en modela de plus belle. C’était un homme fini, et cependant le soleil, qui brille également « sur le bien et sur le mal », éclairait l’or de ses cheveux. Puisse notre Père qui est au ciel faire miséricorde à son enfant réprouvé !

M. Kavan m’a bientôt rejointe. Nous avons fait une course excitante de deux milles, et sommes rentrés juste avant que le vent commençât à diminuer et la neige à tomber.

Jour d’actions de grâces. — Ce que nous redoutions est arrivé : une tempête de neige, avec un vent de nord-est. Elle a cessé vers minuit, mais pas avant que mon lit ne fût complètement recouvert de neige. Le mercure est descendu au-dessous de zéro, et tout a gelé. J’ai mis un pot d’eau à fondre près du feu, afin de pouvoir me laver, mais elle était de nouveau gelée avant que j’aie pu m’en servir. Hier, mes cheveux