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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/256

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VOYAGE D′UNE FEMME

en venant ici, découvert où ce dernier cache sa clef, ouvert sa boîte et lu ses lettres et ses manuscrits. Avec sa suffisance et son ignorance, c’est une véritable peste. Le jour qui a suivi son arrivée, alors que je lavais la vaisselle du déjeuner, il me dit qu’il avait l’intention de faire toute la besogne malpropre, de sorte que je laissai dans le baquet les couteaux et les fourchettes, et lui demandai de les essuyer et les serrer. Deux heures après, il n’y avait pas touché. Les hommes allèrent à la chasse, et il déclara qu’il allait fendre du bois, afin que nous en ayons pour plusieurs jours ; après quelques coups qui ne réussirent qu’à enlever des copeaux, il revint tapoter sur l’harmonium, me laissant sans combustible pour faire le souper. Il parlait de son habileté à jeter le lasso, et ne put même pas attraper l’un des chevaux les plus paisibles ; bien pis, il ne reconnaît pas une vache d’une autre. Il y a deux jours, il a perdu notre vache laitière en la ramenant pour la traire, et M. Kavan a perdu deux heures d’un temps précieux à la chercher sans succès. Aujourd’hui, il nous a annoncé triomphalement qu’il l’avait retrouvée, et est allé la traire ; longtemps après, il est revenu d’un air lamentable, avec quelques gouttes d’un liquide blanchâtre au fond du seau, disant que c’était tout ce qu’il avait pu avoir. M. Kavan est allé voir, et au lieu de notre vache bringe, en a trouvé une tachetée, sèche depuis le printemps. La nôtre est allée rejoindre le bétail sauvage, et nous regardons Lyman d’un air farouche, lorsqu’il nous dit qu’il s’attendait à vivre de lait. Je l’ai prié de remplir la grande bouilloire, et une heure après elle