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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/257

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

était rouge sur le fourneau. Rien n’est en sûreté, sinon dans ma chambre. Il a pris sur la planche deux livres de cerises séchées, les a mangées, et dévoré aussi la moitié de mon second pain aux épices qui pesait quatre livres ; pendant la nuit, il a lapé ma sauce à la crème, et dévoré secrètement le pudding destiné au souper. Il avoue tout et dit : « Je crois que vous me trouvez insupportable. » M. Kavan raconte que, ce matin, ses premières paroles ont été : « Miss Bird va-t-elle faire un bon pudding aujourd’hui ? » Il n’y a point grand mal à tout cela, mais ses plagiats et son manque d’honnêteté sont dégoûtants et peu en rapport avec sa profession d’étudiant en théologie. Cette vie ressemble, par certains côtés, à celle que l’on mène à bord ; il n’y a pas de courrier, et l’on ne sait rien de ce qui se passe au delà de son petit monde, très-petit dans notre cas. Chacun de nous est loyal, nous avons appris à nous estimer mutuellement et à avoir confiance les uns dans les autres. Je puis, par exemple, sortir de cette chambre en laissant mon cahier sur la table, certaine que mes compagnons ne liront pas ma lettre. Ils sont discrets, réservés, attentifs et instruits, mais d’un type qui n’existe pas chez nous. Dans ce pays-ci, toutes les femmes travaillent, de sorte que l’on trouve ce que je fais tout naturel, et que l’on ne me dit pas : « Oh ! ne faites pas cela ; oh ! laissez-moi faire ceci. »

30 novembre.

Hier soir, nous sommes restés debout jusqu’à onze heures, tant nous étions convaincus qu’Edwards aurait