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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/50

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VOYAGE D’UNE FEMME

Une rivière impétueuse mugissait en le traversant, et les montagnes Rocheuses, parsemées de pins, y descendaient. Un peu plus loin, le canyon devenait tout à fait inaccessible. C’était très-émouvant ; il y avait là tout un monde intérieur. Un pont grossier et tremblant, fait de pins jetés sur quelques troncs mal assurés, traversait la rivière. Les broncos s’arrêtèrent pour le flairer ; cela ne leur plaisait pas, mais quelques paroles encourageantes les décidèrent à avancer. De l’autre côté, située au bord de l’eau, parmi quelques peupliers du Canada, se trouvait une log-cabin[1] à moitié en ruine, la plus rustique que j’aie jamais vue et avec de grands trous dans son toit de torchis. Un peu plus haut, une scierie très-primitive qui avait également besoin de réparations ; des troncs d’arbres gisaient aux alentours. Un chariot d’émigrant, une tente solitaire avec un feu de camp et une marmite, formaient le premier plan, mais il n’y avait point trace de la boarding house, que je redoutais un peu. Le conducteur alla chercher de plus amples informations à la cabane et revint me dire, avec un sourire hideux qui augmentait encore la tristesse de son visage, que nous étions chez M. Chalmers, mais qu’il n’y avait point de logement pour lui et encore moins pour moi. Ceci était une véritable déconvenue. Je descendis de voiture et ne trouvai qu’une pièce misérable ; le mur de l’une des extrémités était en partie tombé ; au toit des trous, et des trous pour fenêtres ; pas de meubles, si ce n’est deux chaises et deux planches non rabotées ; des sacs de paille en guise de lit.

  1. Hutte bâtie avec des troncs d’arbres.