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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/198

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leur seront d’aucune utilité. Car on ne saurait se le dissimuler, le grec et le latin sont aujourd’hui des langues d’agrément et des connaissances de luxe, qui ne conviennent qu’aux hommes de lettres, aux savants, et qui ne font de ceux qui les possèdent ni un bon industriel ni même un médiocre commis. Si au lieu de rester sur les bancs pour savoir quels étaient les rapports d’Antoine et de Cléopâtre, ou étudier le menu d’un repas de Lucullus, on avait employé ce temps à apprendre la chimie et la physique, quels avantages en retirerait-on ? Qui sait la mécanique en France, et combien y a-t-il de personnes capables de professer cette science ? Maîtres et ouvriers tout nous manque.

Ce sont des mécaniciens anglais qui conduisent nos machines à vapeur, sur les bateaux et les chemins de fer ; ce sont des ajusteurs anglais qui travaillent chez nos principaux constructeurs de machines avec un salaire de 12 et 15 francs par jour ! Quand on veut monter une entreprise, perfectionner quelque main d’œuvre, ce sont des ouvriers anglais que l’on va chercher ; et pourquoi ? Je vous l’ai déjà dit, Messieurs ; en Angleterre, on enseigne à toutes les classes, la géométrie, l’algèbre, la mécanique, la statique, l’hydraulique ; les mechanic’s institutions, les sunday’s schools forment une population ouvrière instruite, et chacun des travailleurs de Birmingham, de Manchester ou de Sheffield, serait un excellent contre-maître chez nous ; en France il n’y a pas même de cours. Des gens qui occu-