Aller au contenu

Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en négociant, on demande un long apprentissage et même de l’argent ; de sorte qu’après être resté jusqu’à dix-huit ou vingt ans au collège, un jeune homme peut à peine se suffire à 25 ans. À cette âge là en Amérique, un homme est marié et à la tête d’une plantation, d’une usine ou d’un comptoir : Voyez quelle différence, et combien de temps perdu, c’est-à-dire de capital enfoui et demeuré improductif.

Mais ce n’est pas tout encore ; il est une carrière dans laquelle se lancent à corps perdu tous ceux qui n’ont pu obtenir une charge d’avoué, un cabinet d’avocat ou une clientelle de médecin, et qui ont trouvé au-dessous d’eux de se faire commis-marchands, ou industriels. Ceux là encombrent les avenues du pouvoir, ils se font solliciteurs, surnuméraires, et demandent humblement des places, dont la concurrence a tellement fait baisser les émoluments qu’on y meurt de faim ou qu’on y mange ses revenus. Or, là est un écueil qu’il importerait d’éviter, sous peine de voir les fonctions publiques devenir la proie de ces demandeurs faméliques ou de l’aristocratie de l’argent, la seule redoutable aujourd’hui.

En résumé, Messieurs, tous les inconvénients graves que je viens de vous signaler, prennent leur source dans le système vicieux adopté en France pour l’instruction publique, et dans le monopole que le gouvernement s’est réservé à cet égard, alors que son intervention devrait se borner à une surveillance morale et ne prétendre à aucune influence politique.