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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/389

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les marchés. En travaillant, le goût de notre population ouvrière toute entière s’est formé ; tout le monde est devenu artiste lorsqu’il a suffi de prendre une fleur des champs et de la copier sur le papier pour qu’elle soit reproduite dans le tissu avec la plus scrupuleuse fidélité. C’est Lyon qui est à la tête de cette école de goût qui a enrichi les hommes habiles qui ont suivi ses préceptes. Dans beaucoup de fortes maisons, le premier dessinateur doit à son talent d’avoir été associé aux capitalistes qui l’ont fondée. Voyez notre premier fabricant de châles, M. Deneirouse : c’est un élève de Lyon ; son goût et son talent de dessinateur l’ont fait sortir de la condition de simple ouvrier pour le placer à la tête de cette belle industrie. Ses plus habiles compétiteurs sont de la même école que lui.

L’industrie des soies est la première en France, parce que les ouvriers qui l’exercent ont reçu une éducation spéciale. Il existe à Lyon plusieurs écoles gratuites pour les enfants d’ouvriers et les ouvriers eux-mêmes : écoles de dessin, écoles de teinture, etc. Il y en a de semblables à Nismes et dans toutes les villes où l’industrie de la soie s’est établie. Cet exemple devrait être suivi partout et dans tous nos centres manufacturiers. C’est par ce moyen que les Anglais se sont élevés au point de perfection qu’ils ont atteint aujourd’hui ; pour lutter avec eux, il faut employer les mêmes armes : leurs ouvriers sont instruits, instruisons les nôtres ; ce n’est pas l’intelligence qui leur manque !