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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/315

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L’ENVOUTEMENT DE HAINE

épaules furent meurtries. Voici le fait : le presbytère était, depuis assez longtemps déjà, secoué par des manifestations diaboliques : les murs résonnaient d’insolites rumeurs et les meubles entraient en danse. Un sorcier du pays avait en effet comploté de se venger du curé et des deux jeunes gars, ses élèves. Le berger Thorel fut choisi par le magicien comme l’instrument de sa haine. C’est lui, Thorel, qui apparaît à un des enfants et lui inflige devant témoins un vigoureux soufflet de cinq doigts, qui, quoique fluidiques, n’en laissent pas moins sur la joue leurs traces bleues. Les ecclésiastiques appelés trouent le fantôme à coups d’épée ; une fumée blanchâtre et fétide empuantit l’appartement : « Pardon, » clame une mystérieuse voix. Aussitôt on questionne l’invisible, qui avoue la complicité de cinq magiciens. L’après-midi, Thorel arrive au presbytère. L’enfant persécuté le reconnaît ; il ressemble tant au fantôme harceleur ! Et ceci le caractérise davantage encore : des écorchures sur tout le corps… les épées n’ont pas été vaines !… Thorel demande pardon dans le presbytère et à la mairie, mais, se traînant sur les genoux, il tente de toucher soit le petit, soit le curé, sans doute pour accroître hypocritement l’effet du maléfice. Le prêtre ne se prête pas à la ruse criminelle ; il roue de coups le coquin. Le jugement du tribunal de simple police d’Yerville (4 février 1851) déboute Thorel et le condamne aux dépens. Le sorcier garde sa raclée, et l’envoûtement est cassé par le gourdin. En somme, le mage le plus habile cède à l’éloquence d’un bâton solide ; c’est toujours l’histoire du merveilleux Androïde d’Albert le Grand, qui ne résiste pas à une correction bien appliquée.

Il y a peu d’années, si j’en crois M. J.-K. Huysmans,

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