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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/118

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jouer et de chanter faux, ni de dire quelquefois des sottises. Et c’est à moi qu’on s’en prenait.

Il arrivait même que des messieurs s’occupassent de moi plus qu’il n’aurait convenu. Certes, je ne les encourageais pas. Mais on ne me pardonnait pas d’attirer involontairement leur attention. C’est tout simple. Herminie veut se marier et ceux qui se permettent de ne pas lui faire la cour sont à l’index chez la comtesse.

— Alors, je dois y être bien mal noté, dit en souriant Bécherel.

— Moins mal que vous ne pensez. Herminie est… et surtout sera très riche. Elle ne cherche pas la fortune ; elle cherche un nom… et le vôtre lui a plu. Votre personne lui a plus encore davantage. Vous pouvez donc vous attendre à être invité à toutes les soirées de Mme de Malvoisine… maintenant que je n’y suis plus.

— Elle aura beau m’inviter. Je n’irai jamais.

— Je ne vous demande pas cela ; mais laissez-moi finir ma triste histoire. Les grosses humiliations ont commencé pour moi, il y a un an. Jusqu’alors, ma situation était encore supportable. Mme Valbert s’informait de moi de temps en temps et la comtesse, qui ne pouvait articuler contre moi aucun grief sérieux, n’osait pas se plaindre de mes services. Elle avait imaginé un autre moyen de se débarrasser de moi. Elle voulait me marier à un monsieur de ses amis qui proposait de m’épouser sans dot. Mais ce monsieur me répugnait horriblement et je me dérobai à l’honneur qu’il croyait me faire.

À dater de ce jour, je devins le souffre-douleur