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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/119

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de Mme de Malvoisine et Herminie ne prit pas ma défense.

Je passai à l’état de gagiste. On ne chercha même plus à sauver les apparences. Je continuai de paraître au salon, mais il me fut interdit de prendre part à la conversation, j’étais rivée au piano, condamnée à accompagner en sourdine les doux propos qui s’échangeaient entre Mlle des Andrieux et les invités de la comtesse ; à les faire danser quelquefois jusqu’à trois heures du matin.

Et les hommes qui tenaient à plaire à ces dames ne s’approchaient de moi que pour me tenir des propos… blessants.

— Je m’étonne que vous ayez patienté si longtemps.

— J’étais résolue à partir. Je n’attendais qu’une occasion. Elle s’est présentée. Mme de Malvoisine a pris les devants, puisqu’elle m’a signifié mon congé. Je la quitte sans regret et je ne crains qu’une chose, c’est qu’elle me calomnie auprès de Mme Valbert. Je tiens beaucoup à l’estime de mon ancienne maîtresse de pension qui a été si bonne pour moi et qui connaît mon histoire.

— Êtes-vous bien sûre que Mme de Malvoisine l’ignore, cette histoire ?

— Parfaitement sûre. Vous en doutez, parce que vous vous demandez comment la comtesse a pu prendre chez elle une jeune fille qui n’avait pas de nom de famille. Mais j’en ai un qu’on m’a fabriqué de toutes pièces, à Rennes.

J’ai oublié de vous dire qu’on m’a baptisée à l’orphelinat où on m’a recueillie. La directrice a été ma marraine. On m’a appelée Marie Thabor… du