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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/130

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de lui expliquer ce qui m’arrive, Mme de Malvoisine pourrait me devancer et lui raconter les choses à sa façon. Je vais donc à Saint-Mandé… en omnibus… et je reviendrai de même.

Au revoir !… À demain, conclut Violette en se levant et en tendant à Robert une main qu’il serra avec effusion.

Elle s’envola, légère comme un oiseau, et il la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle eût disparu au bout de la grande allée du jardin.

— Quelle étrange fille ! murmura-t-il. Et quelle singulière aventure après celles d’hier ! Depuis deux jours, je vis dans l’imprévu… et Dieu sait comment tout cela finira… si tant est que cela finisse, car me voilà pris… Violette est charmante et je ne me résignerai jamais à l’abandonner. Son idée de débuter au théâtre est une folie. Je tâcherai de l’en détourner. Mais pourquoi n’essaierais-je pas de retrouver sa famille ?… Ce serait une bonne action… ma mère m’approuverait, si je la consultais… et je la consulterai… dès que j’y verrai plus clair dans ma situation, car il faut d’abord que je me tire des embarras où m’a mis cet animal de Gustave.

En monologuant de la sorte, Robert avait repris machinalement le chemin par lequel il était venu. Il remontait la terrasse vers le pavillon de Flore et il marchait la tête basse, si bien qu’il ne voyait pas venir un monsieur qui lui cria :

— Qu’est-ce que tu fais ici, toi ?

Robert leva les yeux et reconnut le colonel Mornac.

— Parions que tu as un rendez-vous avec une