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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/131

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femme. La terrasse du bord de l’eau ne sert qu’à ça. Oh ! je ne te le reproche pas. C’est de ton âge. Et moi-même qui n’ai plus vingt-cinq ans, j’y suis venu pour y rencontrer une personne qui ne veut pas encore me recevoir chez elle. Seulement, moi… c’est fait. Ma belle vient de me quitter.

— La mienne aussi, dit en souriant Robert.

— Alors, j’ai deviné. Et je ne suis pas fâché de te trouver. Nous allons causer.

— Oh ! très volontiers, mon colonel, car j’ai bien des choses à vous apprendre. Je me proposais d’aller vous demander à déjeuner, demain matin.

— Bon ! je compte sur toi, pour midi, heure militaire. En attendant, viens faire un tour avec moi aux Champs-Élysées, et raconte-moi tes affaires. Comment as-tu passé ton temps depuis avant-hier soir ?

— Fort mal, mon colonel.

— Comment, fort mal !… Qu’as-tu donc fait ? Ah ! j’y suis ! L’autre soir, pendant que je flirtais avec ma veuve, je t’ai aperçu planté près de la table d’écarté. Tu as joué et tu as perdu ton argent.

— Encore, si je n’avais perdu que cela.

— Oh ! oh ! est-ce que tu aurais…

M. Labitte a su que j’avais joué et il m’a congédié.

— Diable ! voilà une jolie nouvelle à annoncer à ta mère.

— Je lui ai écrit.

— Et te voilà dans une belle situation, sans place et sans le sou. C’est complet. As-tu au moins payé ta dette de jeu ?… car tu as dû t’endetter à cette partie. On joue cher chez la comtesse.