Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/146

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— Pour que vous alliez rôder dans toute la maison et écouter aux portes !… pas si bête ! J’ai pas envie d’être chassée par mon maître. Il est sorti du moment… Mais quand bien même qu’il serait chez lui, je ne vous laisserais pas monter. Il me l’a défendu.

Robert hésita. Il avait bonne envie d’écarter d’un revers de main cette sorcière et d’aller sonner d’autorité à la porte de l’usurier. Mais la coquine était très capable de s’accrocher à ses habits, et de pousser des hurlements qui pourraient bien attirer les voisins. Rien ne l’empêcherait même de se précipiter dans la rue et d’appeler au secours. Il ne tenait pas du tout à s’expliquer avec des sergents de ville, et il avait intérêt à éviter le scandale d’une discussion en plein air qui ne manquerait pas d’attrouper autour de lui les badauds du quartier. Mieux valait maîtriser sa colère et prendre le sage parti de battre en retraite.

— Assez ! vieille folle ! dit-il ; je m’en vais. Mais vous aurez de mes nouvelles. J’écrirai à M. Marcandier pour lui apprendre comment vous recevez les gens qui ont affaire à lui, et nous verrons ce qu’il dira de la façon dont vous faites votre métier de portière.

— Portière ! vociféra la Rembûche qui voulait qu’on lui appliquât l’honorable qualification de concierge. Tu m’insultes, maintenant, espèce de miriflor !… Je vais t’en donner de la portière.

Elle brandissait son balai comme une massue et pour se dérober aux malpropres atteintes de cette mégère, Robert se hâta de descendre quatre à quatre les marches vermoulues de l’escalier.