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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/147

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Il éprouva une véritable satisfaction à se retrouver sur le pavé de la rue et à constater que le Cerbère femelle avait renoncé à l’y poursuivre, car elle ne montra point ses guenilles sur le seuil de l’allée sombre. Contente sans doute d’avoir repoussé l’assaillant, elle ne voulait pas risquer une sortie hors de l’immeuble confié à sa garde.

Cette scène ridicule avait fort irrité Bécherel et quelque peu brouillé ses idées ; mais il se remit assez vite du trouble où elle l’avait jeté et tout en montant la pente de la rue Rodier, sans s’inquiéter de savoir où ce chemin le conduirait, il commença à envisager sous un nouvel aspect l’algarade que la portière de l’usurier venait de lui faire.

Il lui sembla tout d’abord qu’elle n’avait pas pu prendre sur elle d’en user si brutalement avec un monsieur que Marcandier avait déjà reçu et qu’en lui barrant le passage, elle n’avait fait qu’exécuter une consigne donnée par son maître.

S’il en était ainsi, pourquoi Rubis sur l’ongle avait-il résolu de fermer sa porte au débiteur qu’il avait si gracieusement accueilli l’avant-veille ? Était-ce qu’il tenait à rester créancier de Robert de Bécherel et qu’il avait deviné ce que Robert venait précisément lui annoncer qu’il allait le rembourser dès le lendemain ? Conjecture inadmissible, s’il en fut, à moins cependant qu’il n’eût été avisé par Gustave du gros bénéfice que son jeune client venait de réaliser à la Bourse. Et s’il en était informé, quel intérêt avait-il à éviter le remboursement ?

Robert n’y comprenait rien, mais en repassant dans sa tête les détails de sa dispute avec la mère Rembûche, il se souvint qu’elle l’avait traité de