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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/190

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vait jamais pu parvenir à être reçue dans un salon bien posé, et le sien n’était fréquenté que par des hommes de plaisir et par des déclassées.

Ce n’était pas que son passé fût trop connu. Peu de gens étaient aussi bien informés que le colonel de Mornac sur les antécédents de la dame, mais personne ne prenait au sérieux son titre de comtesse ; on soupçonnait que sa prétendue pupille était sa fille, et l’oncle à succession ne se montrant jamais, quelques-uns en étaient venus à douter de son existence. Mais on ne doutait pas que Mlle des Andrieux fût un beau parti, car les prétendants qui s’étaient renseignés chez le notaire de la comtesse savaient que la belle Herminie apporterait à l’époux de son choix quatre cent mille francs de dot, sans compter de magnifiques espérances.

Et pourtant, Herminie allait bientôt coiffer sainte Catherine, quoiqu’il n’eût tenu qu’à elle de se très bien marier, en dépit des nuages qui enveloppaient sa naissance et l’origine de la fortune de sa mère d’adoption.

C’était sa faute. Elle rêvait un mariage qui lui ouvrirait un monde fermé pour elle et, de plus, elle voulait que son mari lui plût.

Mme de Malvoisine, fatiguée d’attendre, aurait volontiers rabattu quelque chose de ses prétentions, pour caser sa pupille. Herminie était intraitable.

Et, ce jour-là, à la suite de dissentiments, ravivés par un récent mécompte, elles étaient, l’une et l’autre, d’assez mauvaise humeur.

La victoria qui les emportait roulait déjà sur la grande avenue des Champs-Élysées et elles n’a-