Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il lui paraissait tout à fait superflu de s’assurer préalablement du consentement de Robert, car elle n’admettait pas qu’un jeune homme presque pauvre pût refuser une grosse fortune apportée par une belle personne.

Le seul obstacle qu’elle aperçût au mariage de ses rêves, c’était Violette et cet obstacle, elle se faisait fort de le supprimer promptement, avec l’aide du complaisant Marcandier, toujours prêt à servir les mauvaise causes, pourvu qu’il y trouvât son avantage.

Si M. de Bécherel avait un caprice pour cette gagiste, on le lui ferait passer et tout serait dit. Il suffirait probablement de la calomnier, mais, s’il le fallait, on emploierait les grands moyens. On la réduirait à la misère en l’empêchant de gagner sa vie et alors, on lui enverrait un monsieur riche qui n’aurait pas de peine à la séduire en lui proposant de l’entretenir sur un bon pied. Robert, lâché pour ce capitaliste, se dégoûterait d’elle, et Mlle des Andrieux aurait le champ libre pour procéder de la même façon avec cet amoureux récalcitrant. Il ne s’agissait que de le mettre dans des embarras d’argent d’où il ne pourrait sortir qu’en épousant une héritière.

Ce serait le mariage forcé, mais peu importait à Herminie, pourvu qu’elle eût le droit de s’appeler Mme de Bécherel. Elle se ferait aimer plus tard… après la noce. C’était, au fond, le moindre de ses soucis. Elle voulait un mari décoratif. Le reste la touchait médiocrement.

Animée de ces louables intentions et décidée à tout faire pour en venir à ses fins, elle ne pouvait pas mieux s’adresser qu’à Marcandier.