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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/198

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La comtesse n’avait pas voix au chapitre, mais il fallait compter avec l’oncle à succession ; et Marcandier, seul, avait quelque influence sur ce personnage qui restait volontairement dans la coulisse, mais qui tenait entre ses mains les destinées financières d’Herminie.

La victoria filait grand train. Les deux bais bruns avaient brûlé le pavé de l’avenue d’Eylau et descendait déjà la pente assez raide de la rue Mozart.

Ces dames voyaient poindre le pignon, dentelé à la Flamande, du joli petit hôtel que l’heureux spéculateur s’était fait bâtir à l’angle de la rue de la Cure et qui s’avance comme un cap entre les deux vies.

Il l’avait payé, suivant sa coutume, rubis sur l’ongle, et il y menait une existence appropriée à ses goûts, qui n’étaient pas précisément ceux d’un bon bourgeois.

— Je savais bien que nous le trouverions chez lui, dit Herminie, rompant enfin un silence qui commençait à inquiéter Mme de Malvoisine. Le voyez-vous, accoudé sur la balustrade de sa terrasse et fumant son cigare ?

Cette terrasse, ingénieusement placée avant de l’hôtel, faisait corps avec la construction et communiquait de plain-pied avec le salon du rez-de-chaussée surélevé. Elle était garnie d’arbustes en caisse et elle avait très bon air.

— Je le vois, murmura la comtesse. Il n’est pas seul.

— Non. Il y a Julia Pannetier, des Fantaisies Lyriques. Il est avec elle depuis un an.