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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/199

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Herminie était fort au courant des liaisons des actrices, et la vie privée de Marcandier n’avait pas de secrets pour elle.

— Nous allons le gêner, reprit Mme de Malvoisine.

— Mais non. Il la renverra, voilà tout. Il ne se gêne pas avec ces demoiselles, et il a raison, puisqu’il les paie.

Ce langage, dans la bouche d’une jeune fille à marier, aurait révolté une autre mère, mais Herminie y avait accoutumé la sienne et la comtesse se contenta de hausser les épaules.

— Tenez ! continua Mlle des Andrieux, il nous a aperçues et voilà Julia qui déguerpit. Marcandier ne fait que son devoir en la renvoyant. Il a trop d’obligations à mon oncle pour se permettre de ne pas nous recevoir.

— Ton oncle lui en a aussi quelques-unes, dit à demi-voix la Malvoisine.

Herminie ne releva pas cette assertion. La victoria venait de s’arrêter devant une petite porte percée dans le soubassement de l’hôtel, sur la rue Mozart, et Marcandier était déjà là pour aider ces dames à descendre de voiture.

— Bonjour, mon cher ! lui dit cavalièrement Herminie. C’est moi qui ai décidé maman à venir vous voir. J’ai à vous parler de choses sérieuses.

— Je vous attendais presque, répondit en souriant l’usurier. Veuillez entrer.

La comtesse passa la première et sa fille, dans le vestibule, trouva le moyen de demander tout bas :

— Julia va bien ?