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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/20

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peu la veine à l’écarté. Il y a de l’argent à gagner ici, et je ne serais pas fâché que ma soirée me rapportât une centaine de louis.

— Je te souhaite bonne chance.

— C’est-à-dire que tu te proposes de disparaître à l’Anglaise. À ton aise, cher ami. Je t’ai amené chez la comtesse parce que je croyais que tu t’y plairais. Tu n’es pas forcé d’y rester, si tu t’y ennuies. Je te conseille pourtant d’attendre un peu. D’abord, tu entendras ta préférée, Mlle Violette, qui a un vrai talent, et puis, c’est l’heure où le salon se remplit. Voici un tas de figures nouvelles qui arrivent. Beaucoup de femmes dans le nombre. Tu en trouveras peut-être une à ton gré. Dans tous les cas j’espère que nous nous reverrons. Où demeures-tu ?

— Faubourg Poissonnière, 29. Et toi ?

— Rue Drouot, 24. Je ne suis pas souvent chez moi, mais tu n’as qu’à m’écrire un mot. Nous dînerons ensemble quand tu voudras.

Ayant dit, Gustave courut à la table de jeu et Robert se rapprocha instinctivement de Mlle Violette qui feuilletait des partitions pour y chercher le morceau qu’elle devait chanter.

Personne ne s’occupait d’elle. Robert vit que ses yeux étaient humides, et il essaya de la consoler.

— Mademoiselle, lui dit-il doucement, voulez-vous me permettre de vous accompagner ? Je ne suis pas de première force, mais si la musique n’est pas trop difficile, je…

— Merci, monsieur. Je m’accompagne moi-même, murmura la jeune fille, très émue.

— Eh ! bien, je tournerai les pages…, et j’aurai