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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/201

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ne tenons pas à la fortune, mais nous ne voulons pas d’un meurt-de-faim.

— Pardon ! il n’en est pas là. J’ai pris des informations dans son pays. Il a de bonnes terres en Bretagne et il appartient à une des familles les plus anciennes et les plus considérées de sa province. Sa femme serait reçue d’emblée partout… même au faubourg Saint-Germain…

— C’est fort bien, répliqua Mme de Malvoisine, avec humeur. Mais oseriez-vous affirmer que l’oncle d’Herminie l’approuverait d’épouser ce gentillâtre ?

— J’affirme, chère madame, que Léon ne s’y opposerait pas… surtout s’il savait que M. de Bécherel plaît à sa nièce, répondit Marcandier. Vous riez, mademoiselle ?

— Je ne peux pas m’empêcher de rire quand je vous entends appeler mon oncle : Léon, dit Herminie. Les petits noms ne vont bien qu’aux jeunes… et la preuve, c’est que maman l’appelle : monsieur Morgan… gros comme le bras.

— Affaire d’habitude, mademoiselle, reprit Marcandier. Votre oncle et moi nous nous sommes connus à un âge et dans des circonstances où on ne se sert pas, entre amis, de formules cérémonieuses. Nous avons continué à nous tutoyer : je lui dis : Léon, et il me dit : Pierre, comme au temps où j’étais second à bord de son brick : le Vautour.

— Avez-vous de ses nouvelles ? interrompit la comtesse.

— J’en ai reçu ce matin. Il va bien. Il sera ici dans quinze jours et il me parle justement de mademoiselle. Il voudrait la voir mariée cette année.