Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tave et avec lequel nous aurons maille à partir un jour ou l’autre… un certain colonel…

— Le colonel Mornac ! s’écria la comtesse. C’est un très galant homme et il honore mon salon, quand il y vient.

— Je ne dis pas le contraire, chère madame, mais il est contre nous, de toutes les façons. Je me suis déjà aperçu qu’il donne de mauvais conseils à M. de Bécherel. Pitou, que j’ai vu ce matin, m’a raconté que ce soldat rigide a poussé son protégé à rompre avec lui. Pitou… un ancien camarade… Et c’est fait… Ils sont brouillés. Mais le mal n’est pas là. Il est d’un autre côté auquel peut-être vous ne pensez pas. M. de Bécherel refuse de se laisser marier, parce qu’il est pris… par une blonde.

— Vous avez deviné cela ! s’écria Mlle des Andrieux. Mon cher Marcandier, vous êtes un grand homme.

— Je suis tout simplement un homme qui prend la peine de raisonner et de tirer la conclusion de ses raisonnements. Après avoir causé avec ce garçon, je me suis douté tout de suite qu’il y avait anguille sous roche. Depuis que je sais par Gustave comment il s’est comporté chez vous, je suis fixé… je connais l’anguille. Ce Breton naïf s’est toqué, à première vue, de votre musicienne. Il s’agit avant tout de le dégager d’une liaison dangereuse qui commence à peine. C’est sur cette créature qu’il faut frapper.

— Je l’ai mise à la porte, dit Mme de Malvoisine.

— Peut-être avez-vous eu tort. En la gardant, vous auriez pu la tenir en bride, tandis que, hors de chez vous, elle échappe à votre surveillance.