Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poser un déplacement qui dérangerait toutes mes habitudes de provinciale. J’attends ta réponse avec confiance. Ton cœur te la dictera. Je ne veux te gêner en rien et je comprends que tu ne puisses pas partir au pied levé. Prends ton temps, mon Robert. Trois semaines, est-ce assez ?… Oui. Eh bien ! je t’attends avant la fin de mars ; tu arriveras avec le printemps.

« Ta mère qui t’aime plus que jamais. »

— Et plus que tu ne le mérites, dit le colonel, en passant sa main sur ses yeux qui se mouillaient malgré lui.

Ah ! il y a un post-scriptum.

« Croirais-tu que cette pauvre Jeannette qui me sert depuis trente ans et qui t’a vu naître, m’a offert toutes ses économies ; en me voyant pleurer, elle avait compris que tu avais fait quelque sottise et que tu m’écrivais pour me demander de l’argent.

« Tout le monde t’adore ici. »

— Eh bien ? demanda M. de Mornac. Qu’est-ce que tu dis de ça, bel amoureux. Faut-il que j’envoie ton groom chercher un fiacre pour te conduire à la gare Montparnasse ?

— Ma mère elle-même n’exige pas que je parte immédiatement.

— Bon ! je te vois venir. Tu voudrais bien ne pas lui faire de la peine, mais tu ne voudrais pas abandonner Violette. Comment te tireras-tu de là ?

— J’attendrai que Violette ait réussi au théâtre où elle vient d’être engagée.

— J’en étais sûr et je n’essaierai pas de te faire changer de résolution. J’y perdrais mon éloquence