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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/222

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et je n’aime pas à prêcher, mais je t’apporte des renseignements qui pourraient modifier tes projets. Tout à l’heure, en passant à cheval par la rue Mozart, à Passy, j’ai avisé sur la terrasse d’un joli hôtel particulier Mme de Malvoisine en conférence avec un monsieur que je ne connais pas, mais qui te connaît.

— Rue Mozart ! c’est là que demeure le prêteur auquel Gustave m’a adressé.

— Comment est-il fait cet usurier ?

— Assez grand… vigoureusement taillé… il porte toute sa barbe et il a de quarante à quarante-cinq ans.

— C’est l’homme que j’ai vu. Eh bien, mon cher, il est d’accord avec la comtesse et sa fille pour faire siffler Violette.

— Je pensais bien qu’il était à leurs ordres. Mais pourquoi en veut-il à cette pauvre enfant ?

— Parce qu’elle va remplacer aux Fantaisies Lyriques, une actrice qu’il entretient… une certaine Julia Pannetier… dont la fière Herminie ne dédaigne pas l’amitié. Te voilà fixé, j’espère, sur la respectabilité de ces dames.

— Je l’étais déjà. Et je sais que cette Julia est une drôlesse. Elle demeure tout près d’ici… Rue Rougemont… et elle a très mauvais renom dans le quartier. On dit qu’elle a pour amant un cocher.

— Eh bien, mon garçon, voilà le quatuor auquel Violette aura affaire quand elle débutera : cette Julia, qui ne vaut ni plus ni moins que toutes ses pareilles ; un gredin qui prête à quarante pour cent et qui doit exercer de pires industries ; une comtesse de contrebande ; une bâtarde qui veut