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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/227

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portes ne laissait pas que de préoccuper Bécherel. Il avait mis sa confiance en ce garçon, et il lui importait fort qu’elle ne fût pas mal placée, car, au moment d’entrer en campagne, il avait plus que jamais besoin d’un serviteur fidèle, quand ce n’eût été que pour l’aider dans les préparatifs du voyage de découvertes qu’il voulait commencer, la nuit prochaine.

Et comme on croit volontiers ce qu’on désire, Robert, après mûre réflexion, pensa que M. de Mornac s’était trompé. Jeannic avait été choisi par Mme de Bécherel entre plusieurs fils de fermiers, parce qu’elle le savait honnête et laborieux. Quelle apparence que cet enfant du pays espionnât son maître ? Que, jeune et bien tourné comme il l’était, Jeannic eût une bonne amie dans le quartier, c’était très possible ; mais il n’y avait pas là de quoi le renvoyer.

Robert se contenta de le gronder et le gars se défendit si bien que son maître, convaincu de son innocence, lui donna immédiatement ses instructions pour le soir.

Robert avait beaucoup réfléchi aux moyens à employer pour en venir à ses fins et son plan était arrêté jusque dans les moindres détails.

Il s’agissait d’abord de se procurer deux cordes à nœuds et à crochet : une très longue et une autre beaucoup plus courte ; une lanterne sourde, un levier portatif et une pince solide. M. de Bécherel ne pouvait guère acheter lui-même des objets à l’usage ordinaire des voleurs ; mais Jeannic pouvait, sans inconvénient, se charger des acquisitions.