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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/228

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Un domestique est souvent dans le cas de se servir d’outils dont un gentleman n’a que faire ; il peut même avoir besoin de cordes pour hisser des bottes de foin au grenier, si son maître a des chevaux.

Et Jeannic, entre autres qualités, était discret ; taciturne même, comme le sont généralement les Bretons, quand ils n’ont pas bu.

Il reçut, sans se permettre une observation, l’ordre de se procurer immédiatement tous ces ustensiles et il ne parut pas s’étonner que M. de Bécherel fît de pareilles emplettes.

— Je vais sortir, lui dit Robert. Tu emballeras tout cela dans une grande malle, avec du linge et un costume complet. Je rentrerai à neuf heures ; tu iras me chercher un fiacre et tu y chargeras mon bagage. Je partirai, ce soir, par le chemin de fer du Nord et je serai très probablement de retour, demain, dans la journée.

— Monsieur peut être sûr que tout sera prêt, dit laconiquement Jeannic.

— J’y compte. Va faire tes achats et tâche de ne rien oublier.

Le groom sortit, sans répliquer, et Robert se mit aussitôt à écrire à sa mère. Il tenait à ne pas manquer le poste et il lui restait tout juste le temps, car il n’était pas loin de cinq heures et la dernière levée se fait à cinq heures et demie, aux grands bureaux.

Sa réponse se ressentit un peu de la précipitation qu’il mit à la rédiger. Il la fit affectueuse, et il n’eut pas de peine à trouver des expressions tendres, car il adorait sa mère, mais il évita de s’expliquer nettement sur ses projets. Il parla d’embarras qui