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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/250

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s’agissait plus que de hisser d’un nœud à l’autre, mais il fallait d’abord ramener ses genoux sur la gouttière en zinc qui allait peut-être fléchir sous lui.

Il y tâcha et il allait y parvenir, lorsqu’une douleur aiguë, suivie presque aussitôt d’un engourdissement de ses deux jambes, paralysa ses mouvements.

— Une crampe ! murmura-t-il.

Il en avait eu plus d’une fois en nageant, et il savait que l’immobilité est le seul remède à ce mal passager. Il cessa donc de remuer et il attendit. La question était de savoir si la crampe se passerait avant que la force lui manquât. En pareil cas, les minutes sont des siècles. Et il sentait déjà ses bras se détendre peu à peu. Un frisson passa dans sa chair. Le vertige le prenait et il lui semblait que la maison vacillait comme un navire en mer. Peu s’en fallut qu’il n’ouvrît les mains et qu’il ne se laissât glisser dans le vide.

Heureusement, il pensa à Violette. Et l’image de la jeune fille, évoquée tout à coup, lui rendit le courage et l’espoir. Il se raidit pour tenir encore quelques secondes et il y réussit. L’engourdissement disparut peu à peu. Il était sauvé. Il put prendre avec ses genoux un point d’appui sur la gouttière qui résista et il ne s’attarda pas sur ce perchoir dangereux.

Après un court temps d’arrêt, il commença à s’élever à la force du poignet et il atteignit sans trop de peine le rebord de la fenêtre. Il s’y cramponna, afin de se précautionner contre une nouvelle glissade, puis il se mit à ramener à lui la corde