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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/25

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— Je vous en prie, murmura-t-elle, ne restez pas plus longtemps près de moi. Herminie ne me pardonnerait pas de vous accaparer. Et d’ailleurs, nous nous reverrons avant la fin de la soirée, car je suis obligée de ne pas bouger d’ici. On aura besoin de moi pour faire danser ces dames.

— Je n’aurai donc pas même la consolation de valser avec vous ?

— Non, puisque je serai rivée au piano. Mais, si on soupe, nous pourrons peut-être causer encore. En attendant, je vous demande très sérieusement de me quitter.

Robert n’avait plus qu’à obéir. Avant de se lever, il échangea un dernier regard avec la jeune fille et il lui sembla lire dans ses yeux qu’elle ne lui en voulait pas du tout de s’être occupé d’elle. Il s’agissait maintenant d’employer le temps qui allait s’écouler jusqu’à l’heure où il pourrait la retrouver et il ne savait que faire, car il ne se souciait pas de rentrer dans le cercle qui s’était formé autour de la comtesse.

Herminie l’effarouchait, et il se défiait des compliments de Mme de Malvoisine. Gustave lui en avait assez dit pour qu’il devinât que cette majestueuse dame cherchait à marier sa pupille et que, lui, Robert de Bécherel, serait le bienvenu à poser sa candidature.

Il n’en avait pas la moindre envie et, puisqu’il était décidé à rester pour les beaux yeux de Mlle Violette, il n’espérait pas échapper aux gracieusetés intéressées de la comtesse, mais il comptait s’en tirer par des politesses qui ne l’engageraient à rien et même par des promesses d’assiduité