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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/26

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qu’il se proposait de ne pas tenir, car le salon de la rue du Rocher n’était pas fait pour lui plaire.

Afin d’en venir le plus tard possible aux prises avec l’héritière et sa protectrice, il s’approcha de la table d’écarté où il trouva Gustave en train de parier et de perdre son argent.

La partie était très animée et on jouait gros jeu. Robert arriva juste au moment où un monsieur qui venait de tourner le roi attirait à lui une masse assez respectable d’or et de billets de banque.

— Je viens de brûler ma dernière cartouche, dit tout bas Gustave à son ancien camarade. Prête-moi cinquante louis.

— Je te les prêterais volontiers, si je les avais sur moi, murmura Bécherel, assez étonné de ce brusque appel à sa bourse.

— Tu les as et même bien davantage, puisque, ce soir, tu viens de toucher dix mille.

— Qui appartiennent à mon patron et que je dois remettre demain matin dans la caisse.

— Sois tranquille. Tu les y remettras. En sortant d’ici, nous passerons chez moi. J’ai quinze mille francs dans mon secrétaire et un compte-courant au Crédit Lyonnais.

— Je n’en doute pas, mais…

— Ah ! c’est comme ça ! tu te défies de moi ?… eh ! bien, n’en parlons plus. Je saurai ce que vaut ta camaraderie… et je n’aurai plus de motifs pour dire du bien de toi à la blonde pianiste qui t’a si fort charmé.

Médiocrement effrayé de cette menace, mais très contrarié de refuser un service à un ancien ami, Robert se dit qu’il avait une centaine de louis