Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— La mer ?… oui, je l’ai vue… c’est beau, la mer.

— Vous habitiez Le Havre.

— Le Havre ?… non… je ne connais pas.

— Diable ! pensa Bécherel, il paraît que je me trompais… Au fait, toutes les villes maritimes ont des jetées.

Mais, du moins, vous connaissez Marcandier ? reprit-il.

Cette nouvelle épreuve ne réussit pas mieux que la première. La recluse le regarda d’un air hébété. Évidemment, elle n’avait jamais entendu parler de Marcandier.

Plus Bécherel avançait dans cet interrogatoire, plus il reconnaissait que, jusqu’alors, il avait fait fausse route, et déjà il n’était pas éloigné d’absoudre l’usurier du crime dont il l’avait accusé.

Il se pouvait après tout que Rubis sur l’ongle ne fût pas coupable. Le spectacle auquel Robert avait assisté du haut du toit permettait de croire que le persécuteur de cette femme habitait l’hôtel de la rue Milton. Et, s’il en était ainsi, le procédé des interrogatoires à brûle-pourpoint ne pouvait plus servir, puisque Robert ignorait le nom de ce personnage. Il crut contourner la difficulté en demandant à l’improviste :

— Savez-vous où vous êtes ?

La prisonnière secoua la tête pour dire : non.

— Vous êtes à Paris… dans une maison qui donne d’un côté sur la rue Rodier et de l’autre sur un jardin qui s’étend jusqu’à la rue Milton.

Ces noms de rue ne firent aucune impression sur l’interrogée, mais elle s’écria :