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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/263

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et il semblait que l’interrogée comprenait mieux ce que l’interrogateur attendait d’elle.

Si la pauvre créature était folle, comme il y avait lieu de le craindre, elle entrait depuis quelques instants dans une période de lucidité dont il importait de profiter.

Aussi Robert se hâta-t-il de revenir à ce nom de Simone qui avait produit sur la prisonnière une impression fugitive, mais très vive, à en juger par le changement de sa physionomie.

— Vous prétendez que vous n’avez pas de fille, reprit-il. Vous savez bien que vous en aviez une… et qu’elle a disparu. Vous croyez sans doute qu’elle est morte… mais elle vit, je vous l’affirme… elle vous cherche… et je lui ai promis de vous retrouver.

Il s’arrêta, parce qu’il s’aperçut qu’elle ne l’écoutait plus. Son esprit s’était envolé encore une fois dans les nuages. Elle fermait les yeux comme pour suivre un rêve. Comment la réveiller de ce demi-sommeil ? Il fallait évidemment une secousse plus forte pour la tirer de cette espèce d’engourdissement de l’intelligence.

Il lui vint une idée. La pomme et le papier qui l’enveloppait étaient encore dans sa poche. Il pensa à s’en servir pour atteindre son but.

— Vous vous taisez quand je parle de Simone, dit-il ; vous semblez l’avoir oubliée. Et pourtant, vous vous souvenez d’elle quelquefois, puisque vous l’appelez à votre secours… car c’est bien vous qui m’avez jeté ceci.

En même temps, il exhibait la pomme et il dépliait le papier où elle avait écrit avec son sang le nom qu’il venait de prononcer.